Sécurité des toits : tout savoir sur les lignes de vie horizontales réglementaires

Travailler en hauteur représente un risque majeur dans le secteur du bâtiment, avec des conséquences potentiellement fatales en cas de chute. Les lignes de vie horizontales constituent un dispositif de protection indispensable pour sécuriser les interventions sur les toitures. Ce système d’ancrage continu permet aux intervenants de se déplacer librement tout en restant attachés en permanence. Face à une réglementation stricte et en constante évolution, comprendre les exigences techniques, les normes en vigueur et les bonnes pratiques d’installation devient fondamental pour tout propriétaire ou gestionnaire d’immeuble. Voici un guide complet sur ces dispositifs qui sauvent des vies.

Les fondamentaux des lignes de vie horizontales

Une ligne de vie horizontale est un dispositif de protection contre les chutes de hauteur qui permet à un utilisateur de se déplacer horizontalement en étant constamment relié à un point d’ancrage. Ce système se compose généralement d’un câble en acier inoxydable tendu entre plusieurs points d’ancrage fixés sur la structure du bâtiment. L’utilisateur s’y connecte à l’aide d’un équipement de protection individuelle (EPI) comprenant un harnais et une longe avec absorbeur d’énergie.

Le principe fondamental repose sur la capacité à limiter la force d’impact en cas de chute. Lors d’une chute, l’énergie cinétique générée est absorbée par le système, réduisant ainsi les contraintes exercées sur le corps de l’utilisateur et sur la structure du bâtiment. Les lignes de vie permanentes sont conçues pour durer dans le temps et résister aux intempéries, tandis que les solutions temporaires peuvent être installées pour des interventions ponctuelles.

Il existe différents types de systèmes d’ancrage horizontaux adaptés aux configurations spécifiques des toitures :

  • Lignes de vie sur câble : flexibles et adaptées à la majorité des configurations
  • Systèmes sur rail : offrant une meilleure fluidité de déplacement
  • Dispositifs à points d’ancrage multiples : pour des parcours complexes

Les matériaux utilisés jouent un rôle déterminant dans la durabilité et l’efficacité du système. L’acier inoxydable 316 est privilégié pour sa résistance exceptionnelle à la corrosion, particulièrement en environnement maritime ou industriel. Les composants comme les tendeurs, absorbeurs d’énergie et pièces intermédiaires doivent présenter une résistance mécanique adaptée aux forces générées lors d’une chute.

La conception d’une ligne de vie horizontale doit tenir compte de nombreux facteurs : la nature du support (béton, bac acier, zinc, etc.), le nombre d’utilisateurs simultanés prévu, la longueur totale du parcours, et les contraintes architecturales du bâtiment. Un bureau d’études spécialisé réalise généralement une étude technique préalable pour déterminer l’implantation optimale des points d’ancrage et dimensionner correctement l’ensemble du système.

L’installation doit garantir que les efforts transmis à la structure en cas de chute restent compatibles avec sa résistance. Pour cela, des calculs de résistance prenant en compte la flèche du câble, l’effet pendulaire et la déformation des supports sont réalisés. La distance entre les points d’ancrage, généralement comprise entre 10 et 15 mètres, est un paramètre critique qui influence directement la sécurité du dispositif.

Cadre réglementaire et normes en vigueur

En France, l’installation et l’utilisation des lignes de vie horizontales sont encadrées par un ensemble de textes législatifs et normatifs stricts. Le Code du travail fixe les obligations générales de l’employeur en matière de prévention des chutes de hauteur, notamment à travers les articles R.4323-58 à R.4323-90. Ces dispositions imposent la mise en place de protections collectives et, lorsque cela n’est pas techniquement possible, le recours à des équipements de protection individuelle reliés à des points d’ancrage sûrs.

La norme EN 795 constitue la référence technique principale pour les dispositifs d’ancrage. Révisée en 2012, elle définit cinq classes de dispositifs d’ancrage (A à E), les lignes de vie horizontales appartenant principalement à la classe C (dispositifs d’ancrage équipés de supports d’assurage flexibles horizontaux). Cette norme spécifie les exigences de performance et les méthodes d’essai associées, garantissant que les systèmes installés offrent un niveau de sécurité adéquat.

En complément, la norme EN 795/A1 précise les exigences pour les dispositifs destinés à plus d’un utilisateur, tandis que la norme CEN/TS 16415 traite spécifiquement des dispositifs d’ancrage destinés à être utilisés par plusieurs personnes simultanément. Pour les lignes de vie permanentes, le marquage CE n’est pas applicable car ces dispositifs sont considérés comme des éléments d’architecture du bâtiment et non comme des EPI.

La réglementation impose une vérification périodique des installations. Selon l’arrêté du 19 mars 1993 et les recommandations des fabricants, un contrôle annuel doit être effectué par une personne compétente. Cette vérification comprend un examen visuel de l’état des composants, un contrôle du serrage des fixations et un test de fonctionnement des pièces mobiles. Les résultats doivent être consignés dans un registre de sécurité tenu à jour par le propriétaire ou l’exploitant du bâtiment.

Responsabilités des différents acteurs

La sécurité en hauteur implique plusieurs acteurs ayant chacun des responsabilités spécifiques :

  • Le maître d’ouvrage doit intégrer la sécurité dès la conception du bâtiment
  • Le chef d’entreprise est tenu de former ses salariés et de fournir des EPI adaptés
  • L’installateur doit respecter les préconisations du fabricant et les règles de l’art
  • L’utilisateur a l’obligation de suivre les procédures de sécurité et d’utiliser correctement les équipements

En cas d’accident, la responsabilité civile et pénale des différents intervenants peut être engagée. La jurisprudence montre que les tribunaux sont particulièrement sévères concernant les manquements aux obligations de sécurité en matière de travaux en hauteur. Les sanctions peuvent aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende en cas d’infraction délibérée aux règles de sécurité ayant entraîné un accident.

À noter que depuis 2015, les documents techniques d’aménagement (DTU) relatifs aux travaux de couverture intègrent des dispositions spécifiques concernant les systèmes de sécurité permanents, renforçant ainsi l’obligation d’équiper les toitures de dispositifs adaptés dès leur conception.

Conception et installation : les points techniques critiques

La mise en place d’une ligne de vie horizontale requiert une expertise technique approfondie pour garantir son efficacité et sa conformité. L’étape initiale consiste en une étude technique préalable, réalisée par un bureau d’études spécialisé. Cette analyse détermine la configuration optimale du système en fonction de la géométrie du toit, de la nature des matériaux supports et des contraintes d’utilisation prévues.

Le choix du type d’ancrage représente un aspect fondamental de la conception. Sur une toiture terrasse en béton, les ancrages sont généralement fixés par chevillage chimique ou mécanique, nécessitant des tests d’arrachement pour valider leur résistance. Pour les toitures en bac acier, des platines spécifiques répartissant les efforts sur plusieurs ondes sont utilisées, avec des fixations traversantes et des renforts sous-face. Les toitures en zinc ou cuivre requièrent quant à elles des solutions non-perforantes, comme des systèmes à pinces ou à serrage, pour préserver l’étanchéité.

Dimensionnement et calculs de résistance

Le dimensionnement du système repose sur des calculs complexes prenant en compte plusieurs facteurs critiques :

  • La flèche maximale du câble en cas de chute (généralement limitée à 2-3 mètres)
  • La force de choc transmise à l’utilisateur (ne devant pas dépasser 6 kN)
  • Les efforts aux extrémités et sur les supports intermédiaires
  • La distance de dégagement nécessaire sous l’utilisateur

Un paramètre souvent négligé mais capital est l’effet pendulaire. Lorsqu’un utilisateur chute latéralement par rapport à la ligne de vie, il décrit un mouvement de pendule pouvant entraîner un impact contre des obstacles périphériques. Pour limiter ce risque, la disposition de la ligne doit respecter une distance maximale par rapport au bord de la toiture, généralement fixée à 2,5 mètres.

L’installation proprement dite doit suivre un protocole rigoureux. Le couple de serrage des fixations est un élément critique : insuffisant, il compromet la tenue de l’ensemble ; excessif, il peut endommager le support ou les composants. Des outils dynamométriques calibrés sont utilisés pour garantir un serrage optimal. La tension du câble, généralement comprise entre 80 et 120 kg, est ajustée à l’aide d’un tendeur dynamométrique pour assurer le bon fonctionnement du système tout en préservant la capacité d’absorption d’énergie.

Les absorbeurs d’énergie, éléments clés du dispositif, se présentent sous différentes formes : ressorts, systèmes à déformation contrôlée, ou dispositifs à déchirement progressif. Leur rôle est de limiter les forces transmises aux extrémités de la ligne et à l’utilisateur en cas de chute. Leur dimensionnement dépend directement du nombre d’utilisateurs simultanés prévus et de la longueur totale de la ligne.

L’étanchéité des points de fixation traversants constitue un défi technique majeur. Des solutions d’étanchéité spécifiques (manchons EPDM, collerettes avec remontées, capots de protection) doivent être mises en œuvre en coordination avec les entreprises d’étanchéité pour garantir l’intégrité de la toiture. Cette interface entre sécurité et étanchéité représente souvent un point de vigilance particulier lors des contrôles périodiques.

À l’issue de l’installation, une procédure de réception comprenant des tests statiques et dynamiques valide la conformité du système. Un dossier technique complet incluant plans d’implantation, notes de calcul, fiches techniques des composants et procès-verbal de réception est remis au maître d’ouvrage, constituant un document de référence pour les futures vérifications et la traçabilité du système.

Maintenance et vérifications périodiques obligatoires

La pérennité et l’efficacité d’une ligne de vie horizontale reposent sur un programme de maintenance rigoureux et des vérifications régulières. Conformément à la réglementation française, ces dispositifs doivent faire l’objet d’un contrôle au minimum annuel, réalisé par une personne compétente. Cette périodicité peut être réduite selon les préconisations du fabricant ou les conditions d’utilisation particulièrement sévères (environnement corrosif, utilisation intensive).

La vérification périodique comporte plusieurs étapes distinctes. L’examen visuel permet d’identifier les signes de corrosion, déformation ou usure des composants. Une attention particulière est portée aux câbles (recherche de fils cassés, écrasements ou déformations), aux fixations (desserrage, corrosion) et aux absorbeurs d’énergie (déformation, déchirement). Le contrôle fonctionnel vérifie le bon coulissement des navettes, le fonctionnement des pièces mobiles et l’intégrité des points d’ancrage.

Protocole de vérification complet

Un protocole de vérification complet inclut généralement :

  • La mesure de la tension du câble à l’aide d’un tensiomètre
  • Le contrôle du serrage des fixations au couple prescrit
  • L’évaluation de l’état des scellements chimiques ou mécaniques
  • La vérification de l’étanchéité autour des points de fixation
  • Le contrôle de la lisibilité des marquages et de la présence des plaquettes d’identification

Ces vérifications doivent être documentées dans un registre de sécurité, document légal qui consigne l’historique des contrôles, les anomalies détectées et les interventions réalisées. Ce registre, qui peut être tenu sous format papier ou électronique, doit être conservé et tenu à disposition des autorités de contrôle et des utilisateurs du système.

En complément des vérifications périodiques programmées, une inspection doit être réalisée après tout événement susceptible d’avoir compromis l’intégrité du système : chute ayant sollicité le dispositif, tempête violente, travaux à proximité ou modifications de la structure porteuse. Cette inspection post-événementielle détermine si le système peut être remis en service ou nécessite une remise en état préalable.

La durée de vie d’une ligne de vie horizontale varie considérablement selon la qualité des matériaux, les conditions d’exposition et la rigueur de la maintenance. Les fabricants annoncent généralement des durées de vie de 10 à 25 ans pour les systèmes en acier inoxydable de qualité supérieure. Toutefois, certains composants comme les absorbeurs d’énergie ou les éléments mobiles peuvent nécessiter un remplacement plus fréquent.

Le remplacement préventif de certains éléments critiques s’inscrit dans une démarche de maintenance prédictive. Ainsi, même en l’absence de défauts visibles, les fabricants recommandent souvent le remplacement des câbles après 8 à 10 ans d’exposition aux intempéries, ou celui des joints d’étanchéité tous les 5 ans. Ces opérations préventives, bien que représentant un coût, garantissent la fiabilité du système et évitent les défaillances potentiellement fatales.

Les technologies connectées font progressivement leur apparition dans ce domaine, avec des systèmes intégrant des capteurs de tension, d’usure ou de choc qui permettent une surveillance en continu et une maintenance prédictive plus fine. Ces innovations contribuent à renforcer la sécurité tout en optimisant les coûts de maintenance sur le long terme.

Formation des utilisateurs et bonnes pratiques d’utilisation

L’efficacité d’une ligne de vie horizontale ne dépend pas uniquement de sa conception technique, mais aussi de la façon dont elle est utilisée. La formation des intervenants constitue un pilier fondamental de la prévention des risques de chute. Selon le Code du travail, tout travailleur exposé à un risque de chute doit recevoir une formation adéquate, renouvelée périodiquement et adaptée aux évolutions des équipements.

Cette formation doit couvrir plusieurs aspects complémentaires. La sensibilisation aux risques permet aux utilisateurs de prendre conscience des dangers spécifiques du travail en hauteur et des conséquences potentielles d’une chute, même de faible hauteur. La formation technique porte sur l’utilisation correcte des équipements de protection individuelle (EPI) : harnais, longe, connecteurs et systèmes antichute. Elle inclut des exercices pratiques de mise en situation pour maîtriser les gestes d’accrochage et de déplacement le long de la ligne de vie.

Équipements de protection individuelle compatibles

Le choix des EPI adaptés revêt une importance capitale :

  • Le harnais antichute doit être conforme à la norme EN 361 et correctement ajusté
  • La longe doit inclure un absorbeur d’énergie (EN 355) et être de longueur adaptée
  • Les connecteurs doivent être compatibles avec le système de ligne de vie (EN 362)
  • Un antichute mobile spécifique peut être requis pour certains systèmes (EN 353-2)

Avant chaque utilisation, l’intervenant doit réaliser une inspection visuelle de son équipement pour détecter toute anomalie : usure des sangles, déformation des connecteurs, déchirure des coutures ou des absorbeurs. Cette vérification préliminaire constitue une étape obligatoire, souvent formalisée par une check-list de contrôle à compléter et signer.

L’accès à la ligne de vie représente parfois un point critique du dispositif de sécurité. Des moyens d’accès sécurisés (échelle à crinoline, escalier, trappe d’accès avec garde-corps) doivent être prévus et utilisés conformément aux procédures établies. La transition entre le moyen d’accès et la connexion à la ligne de vie constitue une phase délicate nécessitant parfois un point d’ancrage provisoire ou une double longe pour assurer une sécurité continue.

Le déplacement le long de la ligne de vie obéit à des règles précises. La progression doit s’effectuer sans à-coups, en maintenant une distance raisonnable entre utilisateurs (minimum 3 mètres recommandé). Le franchissement des supports intermédiaires requiert une attention particulière, certains systèmes nécessitant une manipulation spécifique des navettes ou connecteurs. La vitesse de déplacement doit rester modérée pour permettre une réaction appropriée en cas d’imprévu.

La gestion des situations d’urgence fait partie intégrante de la formation. Les utilisateurs doivent connaître la procédure de secours en cas de chute, incluant l’alerte des secours, l’évaluation de l’état de la victime et les techniques de suspension trauma pour limiter les effets physiologiques néfastes d’une suspension prolongée dans le harnais. Un plan de sauvetage spécifique doit être établi pour chaque configuration de toiture, identifiant les moyens d’accès des secours et les points d’évacuation possibles.

Les conditions météorologiques constituent un facteur déterminant pour la sécurité des interventions en hauteur. L’utilisation des lignes de vie doit être proscrite en cas de vent fort (généralement au-delà de 50 km/h), d’orage, de verglas ou de neige abondante. Une procédure d’autorisation de travail intégrant une évaluation des conditions météorologiques permet de formaliser cette analyse préalable et de documenter la décision d’intervention.

La documentation à disposition des utilisateurs joue un rôle essentiel dans la prévention des accidents. Un dossier d’utilisation comprenant le plan d’implantation du système, les notices techniques, les procédures d’utilisation spécifiques et les coordonnées des personnes ressources doit être accessible aux intervenants. Ce dossier, souvent matérialisé par un classeur disponible au point d’accès à la toiture, constitue la référence pour toute intervention.

Investissement et rentabilité : l’approche économique de la sécurité

L’installation d’une ligne de vie horizontale représente un investissement significatif pour un propriétaire ou gestionnaire d’immeuble. Toutefois, cette dépense doit être analysée dans une perspective globale intégrant les aspects réglementaires, assurantiels et économiques sur le long terme. Une approche rationnelle de cet investissement permet de comprendre qu’il s’agit davantage d’une nécessité stratégique que d’une simple charge financière.

Le coût d’installation d’un système complet varie considérablement selon plusieurs facteurs déterminants : la configuration de la toiture, la longueur du parcours sécurisé, le nombre d’utilisateurs simultanés prévu, et la nature des matériaux supports. En moyenne, pour une toiture de bâtiment industriel standard, le budget se situe entre 80 et 150 euros par mètre linéaire, auquel s’ajoutent les frais d’étude préalable (1000 à 2500 euros) et les coûts de certification après installation.

Décomposition des coûts d’installation

Une analyse détaillée des coûts révèle la répartition suivante :

  • Fourniture des composants techniques : 40 à 50% du budget total
  • Main d’œuvre d’installation : 30 à 40% du budget
  • Études techniques et calculs de résistance : 10 à 15% du budget
  • Certification et documentation technique : 5 à 10% du budget

À ces coûts initiaux s’ajoutent les dépenses récurrentes liées à la maintenance du système. La vérification annuelle obligatoire représente un budget de 300 à 800 euros selon l’étendue de l’installation, auxquels peuvent s’ajouter les frais de remise en conformité si des défauts sont identifiés. Sur une durée de vie moyenne de 15 ans, les coûts de maintenance peuvent ainsi représenter 20 à 30% de l’investissement initial.

Face à ces dépenses, il convient d’évaluer les bénéfices économiques directs et indirects. Le premier avantage tangible réside dans la conformité réglementaire, évitant des sanctions administratives potentiellement lourdes en cas de contrôle. Les amendes pour non-respect des obligations de sécurité peuvent atteindre 3750 euros par infraction constatée, montant multiplié par le nombre de salariés concernés.

L’impact sur les primes d’assurance constitue un second bénéfice quantifiable. Les assureurs valorisent les dispositifs de sécurité permanents dans leur évaluation des risques. Une installation conforme peut ainsi générer une réduction des primes d’assurance responsabilité civile professionnelle et multirisque bâtiment de l’ordre de 5 à 15%, représentant une économie significative sur la durée.

La réduction des coûts d’intervention en toiture représente un troisième avantage économique. Un système permanent facilite et sécurise les opérations d’entretien courant (nettoyage des chéneaux, vérification des équipements techniques, maintenance des panneaux solaires), réduisant le temps d’intervention et donc les coûts associés. Les entreprises intervenantes proposent généralement des tarifs préférentiels pour les sites équipés de dispositifs de sécurité permanents, pouvant représenter une économie de 15 à 25% sur les prestations.

Dans une approche de coût global, il convient d’intégrer les conséquences financières potentielles d’un accident. Au-delà du drame humain, une chute mortelle ou invalidante génère des coûts directs (indemnisations, procédures judiciaires) et indirects (image de l’entreprise, perturbation de l’activité) considérables. Les études menées par les organismes de prévention estiment qu’un accident grave peut représenter un coût total de plusieurs centaines de milliers d’euros pour l’entreprise responsable.

La valorisation immobilière constitue un aspect souvent négligé de l’équation économique. Un bâtiment équipé de dispositifs de sécurité permanents correctement documentés présente un avantage différenciant lors d’une transaction immobilière ou d’une location. Les diagnostics techniques préalables aux transactions mettent de plus en plus en évidence ces équipements comme un élément de qualité du bâti, susceptible d’influencer positivement la valorisation du bien.

Des solutions de financement adaptées permettent d’optimiser l’impact financier de cet investissement. Outre les formules classiques de crédit-bail ou de location longue durée, certains installateurs proposent des contrats incluant l’installation initiale et la maintenance sur plusieurs années, avec un étalement des paiements. Pour les entreprises, l’amortissement comptable sur 5 à 10 ans permet de répartir l’impact fiscal de cet investissement de sécurité.

L’avenir des systèmes de protection en toiture : innovations et tendances

Le domaine des lignes de vie horizontales connaît une évolution constante, portée par les avancées technologiques et l’émergence de nouvelles approches en matière de sécurité au travail. Ces innovations visent à renforcer la protection des intervenants tout en simplifiant l’utilisation et la maintenance des dispositifs. Plusieurs tendances majeures se dessinent pour les années à venir, transformant progressivement ce secteur traditionnellement conservateur.

Les matériaux composites font leur apparition dans la conception des points d’ancrage et supports intermédiaires. Ces matériaux, associant fibres de carbone et résines hautes performances, offrent un rapport résistance/poids inégalé et une immunité totale à la corrosion. Bien que leur coût reste élevé, ils s’imposent progressivement dans les environnements particulièrement agressifs (atmosphère marine, industrie chimique) ou pour les applications exigeant une légèreté maximale sans compromettre la résistance mécanique.

Technologies connectées pour une sécurité renforcée

L’intégration de l’Internet des Objets (IoT) transforme les lignes de vie en dispositifs intelligents :

  • Capteurs de tension surveillant en temps réel l’état du câble
  • Détecteurs de chute déclenchant automatiquement l’alerte aux secours
  • Systèmes d’identification contrôlant l’accès aux dispositifs
  • Applications mobiles guidant les utilisateurs et documentant les interventions

Ces technologies connectées permettent une maintenance prédictive basée sur l’analyse des données réelles d’utilisation et de contraintes subies par le système. Elles facilitent également la gestion administrative en générant automatiquement des rapports d’intervention et en alimentant le registre de sécurité numérique, conformément aux exigences réglementaires.

Les systèmes hybrides combinant protection collective et individuelle représentent une autre tendance significative. Ces solutions intègrent dans une même installation des garde-corps aux zones d’accès fréquent et des lignes de vie pour les zones d’intervention ponctuelle. Cette approche pragmatique optimise le ratio coût/sécurité en adaptant le niveau de protection à la fréquence d’utilisation de chaque zone de la toiture.

L’impression 3D métallique fait son entrée dans la fabrication de composants spécifiques pour les lignes de vie. Cette technologie permet la création de pièces sur mesure parfaitement adaptées aux configurations atypiques, avec une optimisation topologique réduisant le poids tout en maintenant les caractéristiques mécaniques requises. Si cette approche reste encore marginale en raison de son coût, elle ouvre des perspectives intéressantes pour les bâtiments historiques ou les architectures complexes.

Les absorbeurs d’énergie régénératifs constituent une innovation particulièrement prometteuse. Contrairement aux absorbeurs traditionnels qui nécessitent un remplacement après sollicitation, ces nouveaux dispositifs retrouvent automatiquement leur état initial après une chute de faible intensité. Basés sur des élastomères spéciaux ou des systèmes magnéto-rhéologiques, ils permettent de réduire significativement les coûts de remise en service après incident mineur.

Sur le plan réglementaire, l’évolution tend vers une harmonisation internationale des normes et une approche plus intégrée de la sécurité en toiture. Les travaux en cours au sein des comités techniques européens visent à établir un référentiel unique couvrant l’ensemble du cycle de vie des dispositifs d’ancrage, de la conception à la maintenance, en passant par l’installation et l’utilisation. Cette harmonisation facilitera les échanges transfrontaliers et garantira un niveau de sécurité homogène à l’échelle européenne.

La réalité virtuelle transforme la formation des utilisateurs en proposant des simulations immersives de travail en hauteur. Ces outils pédagogiques permettent de confronter les intervenants à des situations à risque dans un environnement totalement sécurisé, renforçant l’acquisition des bons réflexes et la perception des dangers. Certains centres de formation proposent déjà des modules combinant apprentissage théorique et mise en situation virtuelle, avec des résultats probants en termes d’efficacité pédagogique.

L’intégration architecturale des dispositifs de sécurité progresse également, avec une recherche esthétique visant à concilier protection et respect de l’apparence du bâtiment. Des systèmes escamotables, des lignes de vie dissimulées dans des éléments de toiture ou des points d’ancrage intégrés dès la conception architecturale témoignent de cette volonté de faire de la sécurité un élément à part entière du design du bâtiment.

Cette évolution technologique et conceptuelle s’accompagne d’une transformation des modèles économiques. L’approche « sécurité as a service » se développe, proposant aux gestionnaires d’immeubles des formules incluant l’installation, la maintenance, la formation des utilisateurs et la gestion administrative dans un abonnement mensuel. Ce modèle facilite l’anticipation budgétaire et garantit un niveau de service optimal tout au long du cycle de vie du système.

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